top of page
Rechercher

napomo 2021

Dernière mise à jour : 23 juil.

1.

je me trouverai un abri

en U vers le haut

qui regarde les étoiles

qui récolte la pluie

pour se baigner 

même la nuit

j'irai là quand tu regardes pas

je ferai des fresques infinies sur les murs en rond

l'histoire des cycles que tu ne comprends pas

et quand je reviendrai près de toi

je te les conterai tout bas

assoupi, tu m'écoutes

j'aime ça.


2.

j’avalerai l’ouragan

pour faire semblant 

qu’il est passé

les hortensias chez maman

partent au vent en-d’dans. 

j’voudrais réparer

tes cabanes à oiseaux

j’aimerais 

que ça sente les lilas

pour toi aussi

ferme les yeux

s’il-te-plaît

ferme les yeux.


3.

pascale capable

soulève l’échelle

pète presque rien

ballote juste un peu

existe au complet

rigole en même temps

pascale capable

passe à un autre appel

demande-moi pas

aux quinze secondes

si chu correcte

je vais pas casser en deux

en bougeant

une poche de terre

pascanac

pas d’craques

toute beau

toute prop

presque pas d’marques

tu me dérangeras 

quand tu sauras comment le faire

en attendant

pascale capable.


4. 

tu oublies déjà

toute la douceur avec laquelle

on peut être amis

on vit dans deux vaisseaux

de la Terre à nos rêveries d’enfants

tellement différents

tellement côtes à côtes 

j’aimerais que tu me racontes

comment ça se passe

que tu me décrives la vue

que tu 

sois doux

ici

il fait chaud

je vois la mer noire

et la muraille de Chine

les étoiles se mêlent aux oiseaux

une drôle de chaises musicales

ici 

tu cognerais ta tête 

c’est tout microbe

tout petit petit

mais j’te l’dis

t’es toujours 

toujours 

toujours 

toujours 

toujours 

toujours 

toujours 

toujours 

le bienvenu. 

et tu l’seras encore longtemps. 


5.

mes amis veulent se pendre

leurs cordes font des boucles

ils s'attachent autour de moi

font leurs noeuds tranquillement

des gestes mécaniques

on les voit plus.

mes amis veulent se noyer

en marchant le long de la st-françois

on a découvert un nouveau sentier

pour se perdre

la bouette plein nos histoires

le printemps qui nous fond 

dans les yeux

on a esquivé la mort

encore.

mes amis veulent mourir

ils regardent pas

en traversant la rue

un vélo, un char, un bus

ils disent

"prends-moi vivant

maintenant

fais qu'on m'oublie vite"

j'ai trop d'espoir pour eux.

mes amis veulent mourir et moi

je veux vivre avec eux.

j'aimerais qu'ils me voient jamais

chercher des réponses

le tête brouillée de leurs brumes

tes petits doigts anxieux qui cherchent

sur quoi te raccrocher

tiens-toi bien

s'il-te-plaît.


7. (en rattrapage)

une fois

une amie m'a dit

que quand on se force 

mais qu'on a pu d'jus

on puise dans une tinque à gaz limitée

dans les reins

j'connais pas la science derrière

mais mon papa veut toujours

sauver la situation

et il a beaucoup mal

au bas du dos

écrire un poème par jour

hier 

a feelé comme tirer du jus

de ma tinque à reins créative


8. 

(k moi too.)

tu m’demandes où j’trouve mon jus

j’le trouve

dans mon linge sale 

dans l’tiroir d’en bas

dans la chambre à air

dans mon jus d’pomme

dans mon ventre

dans les flaques d’huile

dans le frigo

à côté 

l’autre à côté 

l’aut’ gauche

pis l’aut’ droite aussi

dans l’eau

« dans boîtagants »

entre ses dents

en arrière du monsieur 

sur internet 

t’sais la page, là

avec les jeux flash

je l’sais tu, moi, où j’trouve ça 

dans ma tête


10.

mes mains

enfin noircies

me font sentir

que j’arrive

la patience pognée

d’ins ongles

un semi de tomates

pointe son nez

électrisant

j’arrive.


9.

j’ai vu tantôt

entre deux sacs de terreau 

ton papa

qui te dit de pas scraper tes jeans

en jouant avec les outils

vous magasiniez à la quincaillerie

sortie de grands

il avait besoin « d’une coupe de deux par quat’ »

et de compost

pour te faire un p’tit bac de jardin dans cour

t’as 11 ans

tu veux tout comprendre

comment le « boat serre la visse »

comme dit papa

comment on fait ça 

un bac de jardin

pis une cabane à oiseaux 

pis tu voudrais poser 

tes propres tablettes

quand tu vas être grande

j’me suis rappelée 

de toi

dans l’centre jardin

j’vous ai suggéré le fumier de poules

vous m’avez salué e en partant

j’te souhaite de tout savoir

pis de te construire

un phare

quand tu vas être grande.


11.

chaque jour

dessiner une plante 

j’ai dit

« regarde les plantes pousser »

leurs silhouettes 

des teintes de vert

plus que j’ai de pastels

lundi

la pothos

le trait de sa tige

s’étire un peu plus encore sur la feuille

qu’il y a sept jours

des sirènes dehors

l’univers crisse sur l’asphalte 

fait des tonneaux 

et la coleus 

a de nouvelles 

toutes petites feuilles roses

elle regarde par la fenêtre 

reçoit rien que les maigres rayons du nord

je la regarde pousser

de toutes mes forces


12. 

une vieille femme dort

se tenant la tête ensanglantée 

d’une petite main 

de salle d’attente

un groupe de parleux

se plaignent des ceuses

qui respectent pas les mesures

l’autre se ronge les ongles

en jouant à candy crush

moi j’dessine la dame qui dort

au bandage enrubanné 

le miracle humain

cherche plus

c’est ici


13.

souvent j'rêve aux autres

les inatteignables

les beaux

les grands

les géants de ma vie

les obsessions habituelles

on marche main dans la main

on est  fulgurants

on est amoureux

on a l'habitude

on passe partout

je me réveille attendri e et songeus e

cette nuit

j'ai rêvé à toi

ouin

tu m'as engueulé e

parce que j'avais pas lavé

les cabarets

comme il faut.

reviens-en

des cabarets.



je ne veux pas

que mourir 

devienne criminel

je ne parlerai pas

des rois

et des dieux

ils ne m’écouteront pas

de toute manière 

je ne cherche plus

je marche tranquillement 

les vitrines craquées 

des entreprises locales

je ne lis pas les journaux 

les poubelles brûlent 

je mange du plastique

au bord de la rivière 

et j’écoute les canards 

je ne veux pas 

que mourir

devienne 

criminel

parce que mourir

prend toutes ses couleurs

quand le reste

sent

les poubelles 

et le feu

mourir aujourd’hui 

c’est le silence du ciel

qui s’étonne à nous voir

sans cesse nous perdre

mourir aujourd’hui 

c’est voir le promoteur 

couper nos collines

et ne rien dire

je reste là

et je ne bouge plus.




souvent

c'est ironique

mais ça pousse en mauvaises herbes

une affiche sur belvédère

un projet de développement sur la well

un condo

arrivé tout fait pendant la nuit

on ne sait quand

d'on ne sait où


habituellement

je ne le vois pas


mais cette fois-là

je l'ai vu

en pleine action

il était là

sur la terre 

près de chez mon père

qui me fait rêver

d'être une vache

depuis que je suis enfant

il était là

avec ses plans de géant

ses grandes idées

son veston à rallonge

un personnage mythique

qu'on ne voit que dans les livres

près des gnomes

et des farfadets


le promoteur


j'ai pas tout de suite su

quoi faire

on n'est jamais préparé

à voir un fantôme

je me suis postée

derrière un arbre

et je l'ai toisé

lui et ses suivant.e.s

un petit essaim

le vent me rapportait leurs grands mots

de gens à vestons

à rallonge

ils parlent

de prestige

d'idéal

de 

nouveaux

horizons


je pouvais pas

le laisser couper

nos collines

pour voir plus loin

pas celles-là

pas aujourd'hui


aujourd'hui

les vallées

servaient de hamac

à mon regard fatigué

et j'en avais besoin


je n'avais pas de temps à perdre

une apparition si rare

ne dure jamais bien longtemps

il me fallait faire quelque chose

et vite


on ne m'avait pas remarquée

et sa mercedez était à seulement

quelques pas


il l'avait laissée débarrée

parce qu'où vont les promoteurs

est chez eux

c'est ce que j'ai lu


je suis entrée

sur la banquette arrière

mon coeur en guerre

à faire péter ses vitres teintées

restée discrète

et j'ai attendu


j'ai entendu leur bourdonnement distingué

qui s'est rapproché

leurs talons hauts

leurs cuirs d'italie

s'enfonçait dans la terre molle

c'était bien lui

au devant de sa p'tite nuée


il a ouvert grand la portière

dit ses dernières salutations

distinguées, toujours

et s'est engouffré dans la voiture


par principe

je ne lui ai pas donné le temps

de tourner la clé dans le contact

j'ai utilisé la vieille chemise de peinture

de mon père

j'ai été surprise

par la faillibilité

d'un être si luxueux


quelques secondes

et une agitation vague des bras

comme les pattes d'un cafard


plus un bruit

le silence de la campagne est revenu


la mauvaise herbe

de toutes les couleurs

n'a jamais si bien poussé


c'est à en croire

que la terre est plus riche

qu'elle ne l'était


*extrait de mon futur roman à succès intitulé "j'ai tué le promoteur"


17.


quand j’étais petite

j’aimais remplir

les formulaires


comme des examens

où je connaissais 

toutes les réponses

et sinon

y a papamaman à côté

pour tricher


j’attends au bord du téléphone

en speaker phone

depuis une heure

assise s’a bol

ambiance ascenseur à mille étages 


les fourmis d’in jambes

à en oublier la question 

envie de ne plus faire partie

envie de dire game over

le jeu

est même pas l’fun

anyway

j’trouve pas de serviette

pour la jeter

et je pense à cette p’tite moi

qui connaissait les réponses


je déserterais

n’importe quand

cette jungle

de papiers

à signer


j’aimerais

retrouver

là où

au lieu 

d’un coup d’téléphone

c’est 

un coup d’main

là où

on peut vraiment disparaître 

pour vrai 

là où

on a l’droit d’oublier 

son numéro d’assurance sociale


les câbles de téléphone 

pètent

comme les écrins trop tight

d’un archet

à même 

mon incendie crânien 

et je saurai la réponse une autre fois



18.

à la fin du jour

le nid

de mousse

les doigts

les cheveux

qui plient

doucement

la lumière fumée 

l’embrasure

le front posé

tout est mou

enfin

silence


19. (rattrapage)

je suis échogène

c’est ce que des apprenti-échographes

penchés sur un petit écran en noir et blanc 

m’ont dit l’autre jour

(je travaillais comme patient e standardisé e, je suis pas enceinte, merci)

je suis échogène

ça veut dire

que sur l’écran de mon échographie 

on voit l’océan

les remous les dauphins l’orage qui

valsent

avec mes poumons

de mon foie poussent

fondent et réapparaissent 

encore et encore

des arbres noirs

mon cœur 

est une petite planète difforme

et fleurie

mon ventre est fait

de paysages à

couper mon souffle

...

...

« ok tu peux respirer »

le voilà

le diaphragme 

mon utérus

le tout petit monstre

dans ma jaquette bleu ciel

beurrée jusqu’au dos

de gelée bleu nuit

petit murmur médical

mes yeux se baignent

c’est émouvant, la mer

je voudrais leur dire, leur montrer

mais en médecine

on n’apprend pas

à guérir l’océan


20.

reste un peu

le temps des crêpes

ou juste que

le soleil se balade un peu

sans nous


juste un peu encore

que le matin s'épuise

sous les draps


gaspille ta journée

avec moi


21. 

j’ai réalisé

que je pense

à mes plantes

avant 

de penser à toi

le matin

.

.

.

(victoire)


24.

je lui ai fait l'amour

comme on part

une tondeuse


j'aime pourtant 

le gazon comme 

mes poils


long et sauvage.


25. 


j’aime les gens

qui marchent

près de la rivière 

ceux qui traversent la rue

un soulier détaché

j’aime les gens

qui chantent

tous seuls

ceux qui baissent les yeux

ceux qui courent en shorts


j’aime les gens

qui écoutent des podcasts

et les gens qui n’aiment rien


j’aime les gens qui hésitent

qui oublient de quoi ils parlaient

j’aime les gens essoufflés

parce qu’ils parlent trop

et ceux qui se justifient


j’aime ceux qui se coupent la parole

et s’excusent

ceux qui se retiennent de parler 

ceux qui ne savent plus quoi dire

et ceux qui se contredisent

sans s’en rendre compte

j’aime les gens 

qui rient tous seuls


j’aime ceux qui cherchent quoi faire avec leurs mains 

qui ne savent pas où s’accrocher

quand on ne dit plus rien

j’aime les silences

juste un peu trop long

quand mon cœur bat si fort 

m’implore

de trouver une banalité

un meuble de mots

ou quand c’est les oiseaux

qui prennent la relève 


j’aime les gens

qui fument et qui pleurent

quand les oiseaux se taisent


combien je vous aime...


26. 


j’ai 

pas pensé

aux conséquences


on

pense toujours

trop à elles

et elles pas à nous


j’me suis couché e sur le sol

plaquéventré e qu’on m’immole

je suis désolé e


j’ai voulu sauver

la face de la lune

elle m’a dit je t’aime

vas donc te coucher


si 

tu entends

le jour


viens

qu’on lui joue

un tour


toutes seules on peut briller

 
 
 

Posts récents

Voir tout
napomo 2020

à défaut des piqûres d’abeilles d’Égyptienne mes nuits sont des insomnies de Caïman de Canard de Chatte j’ai une invitée d’une autre...

 
 
 

Commentaires


Reçois les nouvelles de Pascal e
(environ un courriel aux six mois)

  • Bandcamp
bottom of page