napomo 2020
- Pascal e
- 30 avr. 2020
- 3 min de lecture
à défaut
des piqûres d’abeilles
d’Égyptienne
mes nuits
sont des insomnies
de Caïman
de Canard
de Chatte
j’ai une invitée
d’une autre civilisation
dans les muscles et les jointures
je suis l’esclave
de ses désirs reptiles
et je veux dormir
un jardin dans la tête
il neige ce matin
mon édredon est tout blanc
un jardin tellement creux
dans les poumons
un jardin de poules et de solitude
un jardin de feux de foyer
mes rêvasseries sont tellement juste en train
de faire pourrir les semis.
brasser la neige
et le hummus
faire de très, très beaux gâteaux
baba moi
je sais faire ça
faire mon salon
dans tes craques
on va dire le divan
c’est la grosse racine
baba moi
je sais faire ça
tirer la chasse
à la perdrix
les feuilles mortes
c'est par ici
baba moi
j’ai tout appris ça
maintenant baba
c’est à toi
jouer tout seule
c’est comme pas jouer du tout
tu dois faire une bonne amie
c’est toi qui a inventé l’ennui
à quoi servent les fenêtres ?
tu manges
tu joues les fontaines
tu vas bien aller
t’as trouvé
une couleur qui te va bien
et tu la portes
même pas
c’est pourtant
à ça
que servent les fenêtres
je te jure
que les arbres
mangent pas les humains
une dernière fois
je te l’offre
je vais prendre une marche
viens-tu avec moi ?
à quoi servent les fenêtres ?
tu manges
tu joues les fontaines
tu vas bien aller
t’as trouvé
une couleur qui te va bien
mais tu la portes
même pas
c’est pourtant
à ça
que servent les fenêtres
je te jure
que les arbres
mangent pas les humains
une dernière fois
je te l’offre
je vais prendre une marche
viens-tu avec moi ?
à quoi servent tes fenêtres
si tu les ouvres même pas ?
tu vas bien aller
ça va bien aller
tu vas bien aller
ça va bien aller
par ici
l’espace des fougères
une main d’eau
de la fumée
j’ai pas vu la nuit tomber
je fixais des légumes
et démêlais la laine rouge
je me suis fait au crochet
un bouquet de fleurs séchées
et des mitaines pour les tenir
j’attends un appel
à la tombée du jour
j’attends toujours un appel
dans le silence
je trouve des personnages
dans les replis de ma peau
ils ne sont pas d’accord
avec moi
sur grand-chose
je vais devoir leur apprendre
l’art d’être compliqués
j’ai passé la journée
à démêler la laine rouge
nue dans le salon
le temps se démêle
fait des tourbillons soignés
comme le ruisseau, regarde
et puis l'herbe à la lune
sèche, je crois
comme mon bouquet de pommes
qu'on mangera à ton retour
dis, tu reviens quand
j'ai presque fini mon tricot
faudrait pas que tu manques ça
y a une guerre
dans mon ventre.
voilà
je vous l'annonce comme ça.
j'aurais cherché de meilleurs mots
des mots plus doux, peut-être
mais il faut ce qu'il faut
en temps de guerre.
y a une guerre là
je croyais qu'elle était née
à la chute d'un obus
que j'ai entendu tomber l'été dernier.
il n'en est rien.
mon ventre porte la guerre
depuis bien longtemps.
mon ventre porte la guerre
que portait celui de mon père.
et celui de son père
portait celle d'un lointain ailleurs
que je n'ai jamais connu.
je porte des racines
qui en veulent à mes ailes
de vouloir ce qu'elles veulent.
tu m'as dit hier
entendre craquer tes os
sous les pages
et les pages
d'une histoire que tu n'as pas écrite
et je te
comprends
tellement.
mon ventre porte une guerre
et je vous promets
de ne plus jamais sortir les armes.
quel genre de poème
te donnerait le goût
d’apprendre ma langue ?
quels mots
doucement chantés
te donneraient envie
de danser
avec moi
sur la table
de ta cuisine ?
j’attends le temps
où tes cheveux
viendront me retrouver
chez moi
par delà les distanciations
de leur longueur d’isolement
t’as une araignée
sur la joue
elle te pose
les bonnes questions
elle te fait des toiles
de laine
elle te fait un chapeau
t’en fais pas
ton araignée
te tiendra
au chaud
j'aimerais tellement
voir tes sorts
comme des paroles
de paix
j'aimerais
m'imaginerun jour danseravec toi
comme des spirales de fumée
au milieu de nos décombres
je sais qu'on trouvera
voilà
il neige
mes doigts
ne sont pas bleus pour ça
et enfin
on mange.
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